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L'éducation est la clé du développement (Par Mamaye NIANG)




Dans les années 1990, le Programme des nations unies pour le développement (Pnud) avait mis en place l’Indice de développement humain (Idh) qui intègre à la fois le Pib/habitant, l’espérance de vie et le niveau d’éducation des populations. Par ce geste, le Pnud a voulu montrer le rôle joué par l’éducation dans le développement. 

En effet,  l’éducation et le développement sont intimement liés et se renforcent mutuellement. Autant la formation est un facteur de croissance économique, autant celle-ci contribue en retour au niveau culturel, social, éducatif et scientifique de la population. C’est donc une illusion que de croire que la solution aux problèmes de l’Afrique se trouve dans l’aide au développement et l’émigration. D’ailleurs, avec la crise économique et le développement de la xénophobie dans les pays du Nord, nombreux sont ceux qui ont fini par admettre que l’assistanat et l’émigration de « bras » ont fait leur temps. Le moment est venu de repenser les théories et de promouvoir l’éducation pour relever les défis du développement. D’une part, les idées avancées par les savants et les personnalités influentes confortent la thèse de l’éducation comme préalable au développement d’une nation. D’autre part études plus poussées font de l’éducation un facteur de développement endogène ou communautaire.

Le rôle de l’éducation dans le développement socioéconomique : thèses des savants et des personnalités influentes
L’éducation est la clé du développement. Elle donne une conscience et prépare la discipline sociale. C’est par l’éducation qu’on casse les mentalités rétrogrades pour avoir des citoyens éclairés, disciplinés et capables de prendre leur destin en main et de refuser toute forme de domination. L’éducation permet d’obtenir la lumière pour sortir des ténèbres. Une nation se construit par le souffle des enfants qui étudient. Une nation commence à s’affaiblir lorsque les universités et établissements scolaires deviennent des lieux où recrutent des lobbies obscurantistes qui éclipsent la raison et détournent les étudiants et les élèves des vrais objectifs. Au VIIe siècle, le Prophète Mohamed (Psl) disait que «l’encre du savant est plus bénie que le sang du martyr ». Au XIXe siècle, Victor Hugo, plaidant la cause de l’éducation, faisait la déclaration suivante : « L’ignorance imprime une marque fatale au visage. Qui sait lire est un homme sauvé. (…) Chaque enfant qu'on enseigne est un homme qu'on gagne. (…) L'école est sanctuaire autant que la chapelle ». Un siècle plus tard, Nelson Mandela dira qu’« un peuple qui lit est un peuple qui gagne »

En 1978, le réformiste chinois Deng Xiaoping avait inscrit l’éducation en lettres d’or dans son programme des Quatre Modernisations. Premier ministre de la Malaisie de 1981 à 2003, Mahathir Mohamed, acteur principal de la modernisation de son pays, avait lui aussi défendu la cause de l’éducation en déclarant que l’islam n’est pas un obstacle au développement et que les musulmans doivent apprendre la science et la technologie occidentales pour développer leurs pays. En donnant raison Mahathir Mohamed, le Prix Nobel de chimie, Ahmed Zewail, disait ceci dans une interview qu’il avait accordée au Nouvel Observateur en 2003: «Ce n’est pas la religion qui entrave le développement, c’est plutôt le manque d’éducation et de développement qui conduit à un détournement politique, lequel, à son tour, empêche la pensée scientifique de progresser chez les musulmans». D’autres pays musulmans comme la Libye et l’Iran on commencé à se développer grâce à l’éducation. A titre d’exemple, sous le magistère de Kadhafi, la Libye avait réussi à réduire considérablement le taux d’analphabétisme jusqu’à obtenir des taux de scolarisation avoisinant l00%. Ce qui avait permis à la Libye, en matière d’Idh, d’être classée 58e mondial et première en Afrique…

Il va sans dire que le projet d’école, à travers ses diverses activités, contribue puissamment à la formation des agents de développement que sont les futurs citoyens. Tous les pays qui se sont développés l’ont été dans la discipline. Bien formés, bien éduqués, les citoyens deviennent disciplinés, connaissent leurs droits et devoirs, comprennent ce qu’on attend d’eux, ce qu’est la nation, l’unité nationale et l’intérêt général. Par conséquent, ils respectent les institutions publiques et privées, les symboles de la République, la voie publique, l’école publique etc. Ils mettent également en avant le mérite individuel qui produit de l’efficacité et de l’efficience et booste l’économie.

Il est donc évident que l’éducation impacte positivement sur le développement individuel et collectif. Des études menées par des savants américains ont montré qu’à chaque fois que le taux d’analphabétisme diminue de 1% l’espérance de vie augmente de 2 ans. Selon les conclusions du rapport de l’Unicef de 2004 sur la situation des enfants dans le monde, une année d’instruction maternelle réduit de 5 à 10% le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Pour pallier la mortalité infantile, l’instruction des femmes paraît donc incontournable. L’éducation permet aux filles non seulement de s’instruire et de mieux prendre conscience de leur potentiel, mais aussi de mieux se protéger contre la violence et la maladie. Lorsque 1 000 femmes bénéficient d’une année de scolarité supplémentaire, elles évitent, selon les estimations, 2 décès maternels. L’éducation ouvre plusieurs perspectives et un large éventail d’opportunités à la future maman. Et ce dans la mesure de la consolidation du développement économique. Ainsi, il a été démontré que la progression du taux d’inscription des filles dans les écoles primaires fait augmenter le produit intérieur brut par habitant.

Des spécialistes en développement ont également démontré qu’une personne qui fréquente l’école pendant quatre années consécutives augmente la productivité de son travail de 8%.Par conséquent, l’éducation devient le moteur de l’évolution des pays. Elle est à la base de la performance économique et de la productivité des entreprises. Dans un ouvrage écrit par Marlaine E. Lockheed et Adrian M. Verspoor, la banque mondiale a calculé qu’au cours des 110 années couvrant la période 1850-1960, tous les pays qui ont décollé ont d’abord et avant tout vaincu l’analphabétisme et généralisé l’enseignement à tous.

L’éducation comme facteur de développement endogène ou communautaire

Le développement endogène est basé sur la mise en valeur des ressources nationales et en harmonie avec les valeurs culturelles, spirituelles et sociales de chaque communauté. L’objectif principal est de lutter contre le sous-développement et la dépendance. L’éducation occupe une grande place dans les stratégies de développement formulées par les pouvoirs publics. C’est ainsi qu’on parle d’école de développement et de promotion collective. Dans sa fonction de socialisation, de promotion collective et de développement, l’école est appelée à être un levain, un ferment,  l’affaire de toute la communauté et la communauté l’affaire l’école (J. Ki-Zerbo). Pour participer du développement endogène et y contribuer, l'éducation se doit d'intégrer les valeurs, les connaissances et les aspirations de la communauté dans ses objectifs, ses contenus, ses structures et ses méthodes tout en associant à leur élaboration l'ensemble des populations concernées.
Modernisée et ancrée dans le milieu, l’école favorise le dynamisme économique et le progrès social.
 Une réforme du système éducatif et des contenus des programmes s’impose dès lors. Les contenus des programmes scolaires doivent répondre aux préoccupations des populations de la localité c’est-à-dire prenant en compte ses spécificités, ses avantages comparatifs et ses réalités socioculturelles. Mais une réforme n’est pertinente que lorsqu’elle promeut l’esprit scientifique, le raisonnement et l’expérimentation (Mamadou Lamine Diallo). Les agents de développement que sont les futurs citoyens doivent être préparés et bien formés en science, et cela depuis l’école primaire et même coranique. Très tôt, les apprenants doivent être initiés au travail productif, aux « ateliers de sueurs » c’est-à-dire aux activités génératrices de revenus. Cela suppose une généralisation de certaines techniques mécaniques, agricoles, biologiques et une réduction d’activités ludiques et chronophages. 
Dans les régions à fortes potentialités agricoles comme la vallée du fleuve Sénégal et la Casamance (plaines à perte de vue, sols fertiles, eaux douces, etc.), l’école de développement doit offrir un enseignement professionnalisant en agronomie,  foresterie, pédologie, botanique, phytothérapie, horticulture, élevage, ornithologie, aviculture, pisciculture, etc. L’école nouvelle, en mettant les habitudes alimentaires en adéquation avec les réalités agricoles, incitera les populations à se départir de leur caprices alimentaire et à consommer ce qu’elles produisent (riz, haricot, mil, maïs, sorgho, fonio...). La révolution verte et la surproduction agricole permettront le développement de l’agrobusiness et de l’agrotourisme. Les échanges interrégionaux et les exportations profiteront financièrement aux paysans, boosteront l’économie nationale et mettront un terme à l’exode rural et à l’émigration clandestine.
En définitive, l’éducation est le principal facteur de développement. Au-delà des arguments sur le plan social et l’amélioration des conditions de vie, l’éducation est devenue une action vitale. Au plan national ou local, toute action ou politique qui néglige l’éducation est vouée à l’échec. C’est l’éducation qui fait évoluer les mentalités et prépare les futurs citoyens. C’est elle qui instille dans l’esprit des citoyens les vertus d’épargne, la discipline, le civisme, l’intérêt général et la gestion transparente.

Mamaye NIANG
Professeur d’Histoire et Géographie
Lycée Zone de Recasement Keur Massar
mamayebinet@yahoo.fr

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